Comment savoir si un carrelage est bien posé ?
Plusieurs indices sont à prendre en compte pour savoir si un carrelage a été bien posé. Un carrelage bien posé est un revêtement de sol qui ne bouge pas lorsqu’on y marche. Ce qui signifie qu’il ne se décolle pas, ne craque pas, ne sonne pas creux, ne se fissure pas et ne se casse pas !
Qu’est-ce qu’un carrelage mal posé ? Et quelles sont les conséquences ?
A noter : Selon un rapport de l’Agence Qualité Construction (AQC) rendu en juillet 2017, la pose de carrelage dans les pièces d’eau constitue l'une des 3 principales sources de sinistralité dans les logements.
Les principales causes d’un carrelage mal posé
L’AQC a principalement relevé 4 causes de malfaçons et leurs conséquences.
Les joints mal posés
Il est indispensable de respecter la bonne taille de joint à poser entre les carreaux (joints de fractionnement) et aux bords du mur (joints de périphérie). Dans le cas où la matière a été déposée en quantité insuffisante, sachant que le joint a tendance à se rétracter au séchage, les conséquences peuvent être importantes : le carrelage risque de ne pas tenir sur son support et, à la longue, les carreaux pourraient finir par se fissurer voire se briser.
En outre, poser les carreaux bord à bord sans aucun joint de séparation peut à la longue engendrer leur gonflement. Ce phénomène de gonflement des carreaux peut également apparaître si les joints de dilatation entre les carreaux et les murs de la pièce (parfois sujets aux infiltrations) n’ont pas été posés en nombre suffisant.
Le carrelage mal collé
La mauvaise quantité de colle utilisée pour fixer le carrelage est également une des principales sources de malfaçons. Et toujours selon l’AQC, c’est souvent le non-respect des prescriptions des fabricants de colle qui est à l’origine des dégâts. En effet, chaque type de colle fait l’objet d’une prescription bien particulière. Avec certaines, il est par exemple nécessaire d’encoller à la fois le carrelage et son support, tandis qu’avec d’autres, encoller le support est suffisant. Si le carrelage est mal collé, le décollement est presque inévitable.
Une chape de carrelage mal réalisée
Un sol est rarement plan et donc prêt à recevoir un carrelage. Il est donc la plupart du temps nécessaire d’élaborer une couche intermédiaire, la chape de forme, faite en mortier de ciment, qui est donc coulée juste avant la pose du carrelage pour rattraper les irrégularités du sol et jouer le rôle d’amortisseur entre un plancher « dur » et le carrelage, pour éviter les fissures.
Mais pour être efficace, la chape doit être réalisée dans les règles de l’art, aussi bien concernant la qualité de la chape que sur le choix de l’épaisseur minimale (à prévoir au cas par cas). Trop fine, elle risque à la longue de se fissurer en raison des charges supportées régulièrement à sa surface et provoquer des phénomènes de fissurations et décollements du carrelage. En outre, la chape en mortier devra se révéler parfaitement uniforme et bien poncée. Dans le cas contraire, cela risque de provoquer des carreaux qui sonnent « creux » lorsqu'on y marche.
À savoir : Les règles concernant le choix de l’épaisseur d’une chape de mortier traditionnelle sont détaillées dans la norme NF DTU 26.2 « Travaux de bâtiment - Chapes et dalles à base de liants hydrauliques ».
Une pose précipitée
Autre principale source de malfaçons, la pose précipitée du carrelage sur la chape de forme sans respecter le temps de séchage exigé. Rappelons que le respect du temps de séchage de la chape en mortier est crucial pour une pose de carrelage réussie. Il permet la prise du béton, impliquant ce que l’on appelle le retrait de séchage, un phénomène de contraction dimensionnelle du béton s’expliquant par des réactions chimiques et physiques.
Résultat, le mortier de ciment continue de travailler, le retrait de séchage du ciment se produisant alors sous le carrelage, qui s’en retrouve inévitablement déformé, gondolé, pouvant provoquer la fissuration des carreaux et la désolidarisation des joints en périphérie.
4 gestes simples pour éviter les malfaçons
- Opter pour l’utilisation de produits de qualité, idéalement certifiés NF.
- Respecter scrupuleusement la notice d’utilisation de la colle et des joints.
- Suivre à la lettre les règles de la norme NF DTU 26.2 pour réaliser la chape en mortier de ciment.
- Respecter tous les temps de séchage.
Carrelage mal posé : comment faire ?
Si vous avez fait appel à un carreleur pour réaliser la pose de votre carrelage, des recours efficaces s’offrent à vous. Par ailleurs, sachez qu’il existe diverses options pour rattraper les malfaçons dues à un carrelage mal posé.
Quels recours en cas de problème avec mon carreleur ?
Si vous avez fait appel à un artisan professionnel pour poser votre carrelage et qu’à la réception des travaux, vous avez constaté que ce dernier présentait une ou plusieurs malfaçons, deux options s’offrent à vous pour contraindre l’entrepreneur.
La garantie de parfait achèvement
La garantie de parfait achèvement est stipulée par l’article 1732-6 alinéa 2 du Code Civil : « La garantie de parfait achèvement, à laquelle l’entrepreneur est tenu pendant un délai d’un an à compter de la réception, s’étend à la réparation de tous les désordres signalés par le maître d’ouvrage, soit au moyen, de réserves mentionnées au procès-verbal de réception, soit par voie de notification écrite pour ceux révélés postérieurement à la réception. »
En clair, après avoir constaté les malfaçons de votre carrelage, il vous faut en faire précisément état dans un procès-verbal de réception lors de la réception des travaux ou par notification écrite (par lettre RAR de préférence) après la réception pour les dommages non-apparents. Une fois informé, l’entrepreneur se verra dans l’obligation de prendre en charge les réparations à ses frais. Mais attention, le recours à la garantie de parfait achèvement n’est possible que dans un délai d’un an à compter de la réception des travaux. En cas de dépassement du délai, vous devrez couvrir vous-même les frais de réparation.
Engager la responsabilité contractuelle de l’artisan carreleur
En cas de malfaçons, la seconde option consiste à engager la responsabilité contractuelle du carreleur sur le fondement de l’article 1792-4-3 du Code civil, autrement appelée garantie décennale. Dans le cas où vous n’entreriez pas dans le champ d’application de la garantie décennale, vous pouvez toujours engager la responsabilité contractuelle du droit commun.
Qu’est-ce que la garantie décennale des constructeurs ?
Il s’agit de l’obligation de réparation des dommages compromettant la solidité de l’ouvrage. Cette garantie est due par le constructeur au maître d’ouvrage durant un délai de 10 ans à compter de la réception des travaux. Vous pouvez ainsi recourir à cette garantie pour obliger l’artisan à prendre en charge les réparations à ses frais.
Toutefois, il est à préciser que la garantie décennale des constructeurs ne s’applique qu’aux éléments d’équipements indissociables de l’ouvrage principal. Et, sauf exception, seul le carrelage scellé est considéré comme tel. En effet, directement lié à la dalle de ciment, son retrait ou remplacement ne pourra se faire sans retirer de matière à l’ouvrage principal. Les carrelages collés ou clipsés, considérés comme des éléments dissociables, seront eux couverts par la responsabilité contractuelle de droit commun (dans l’hypothèse où le délai de la garantie de parfait achèvement a été dépassé).
La responsabilité contractuelle de droit commun
Selon les articles 1231 à 1231-7 du Code civil, le régime de la responsabilité contractuelle de droit commun exige du contractant fautif le paiement des réparations en cas de non-respect des obligations du contrat. Vous pouvez recourir à la garantie de responsabilité contractuelle de droit commun dans un délai de 5 ans à compter de la réception des travaux.
Conseil : pour envisager tous les recours, il est fortement recommandé de consulter un juriste spécialisé en droit de la construction.
Que faire si le carreleur refuse de procéder aux réparations ?
Si, après avoir signalé les malfaçons de votre carrelage via le procès-verbal de réception, le carreleur refuse de procéder aux réparations, il vous faut engager une procédure de mise en demeure. Il s’agit d’une tentative de résolution du litige à l’amiable sous forme d’interpellation formelle faite à l’artisan pour lui signifier ce que vous lui reprochez de façon précise. Mais pour être encore plus efficace, le mieux est de faire formuler la mise en demeure par avocat. Cela garantie en effet le sérieux de votre démarche et marque votre détermination à obtenir gain de cause. La mise en demeure est un outil efficace qui fonctionne dans une grande majorité de cas. Mais si malgré tout elle reste lettre morte, il vous faudra saisir le Juge d’instance.
Comment rattraper un carrelage mal posé ?
Pour rattraper un carrelage mal posé, trois solutions s’offrent à vous.
Effectuer un ragréage
Le concept du ragréage est simple, il consiste à appliquer un enduit sur un support dans le but de l’aplanir. Dans le cas d’un carrelage mal posé, il permettra de corriger les irrégularités de planéité jusqu’à 3 cm. Le ragréage s’effectue directement sur la chape de carrelage.
Poser une sous-couche-isofeutre
La pose d’une sous-couche-isofeutre est une alternative au ragréage. Elle est particulièrement intéressante si votre carrelage souffre de petits écarts de niveaux.
Refaire la chape
Si la chape de forme est à l’origine des malfaçons de votre carrelage, une solution radicale mais efficace consiste à la reprendre. Il faudra pour cela retirer complètement le carrelage posé et casser la chape pour en appliquer une nouvelle.
Ce qu’il faut retenir
- Il existe 4 causes principales à un carrelage mal posé : les joints ont été mal posés, le carrelage mal collé, la chape de carrelage mal réalisée ou la pose précipitée.
- Les conséquences ? Les carreaux sonnent creux, peuvent gonfler, se décoller ou même se briser.
- Si un carreleur professionnel est à l’origine de votre carrelage mal posé, vous disposez de plusieurs recours judiciaires selon les cas, la garantie de parfait achèvement, la garantie décennale des constructeurs ou la responsabilité contractuelle de droit commun.
- Si le carreleur refuse de procéder aux réparations, la solution la plus efficace consiste à faire formuler une mise en demeure par avocat à son encontre.
- Pour rattraper un carrelage mal posé, il existe trois options efficaces : le ragréage, la pose d’une sous-couche-isofeutre ou l’élaboration d’une nouvelle chape.