Maison passive : qu’est-ce que c’est ? Une définition
Pour se référer à la maison passive, on parle parfois d’une maison sans chauffage. Derrière cette curieuse désignation se dessinent plusieurs principes ingénieux.
À première vue, cette construction ressemble à une maison traditionnelle. En dépassant la simple question esthétique, néanmoins, on réalise qu’elle propose une approche sensiblement différente du logement.
Sa particularité principale, celle qui lui a donné son surnom, renvoie à sa consommation énergétique au mètre carré, particulièrement basse. En complément, les appareils équipant l’habitation ont des besoins très modérés. Plusieurs apports internes viennent les compenser. Par exemple, les calories émises par les occupants… ou les appareils électroménagers. La captation passive de l’énergie solaire compte aussi parmi les pistes à envisager.
Une nouvelle dynamique, que l’on peut envisager dans de nombreuses régions
C’est Europe du Nord que l’on a vu naître ce concept. Par conséquent, les questions liées au chauffage jouent un rôle important. Ceux qui cherchent à moderniser les zones résidentielles d’une région aux saisons particulièrement chaudes ne doivent pas renoncer pour autant. Dans ce cas-là, c’est surtout le confort estival qui est à soigner.
Plus concrètement, la climatisation active laisse place à des approches subtiles. Discrètes. Les casquettes solaires ou des brise-vus orientables permettent notamment d’éviter la surchauffe. Ce sont deux structures connues pour leur capacité à amoindrir les effets des rayons UV.
Au Sud comme au Nord, la maison passive redéfinit de manière insolite notre rapport à l’énergie. Bien qu’en réalité, parler de « maison sans chauffage » correspond à un abus de langage.
Cette expression permet tout de même de percevoir l’idéal impliqué. Les systèmes apportant un confort thermique doivent faire l’objet d’une utilisation très modérée. Ainsi, les ingénieurs, architectes et autres acteurs du génie civil doivent respecter certains critères.
Quels sont les critères à respecter pour conceptualiser et construire une maison passive ?
C’est le label BEPAS (« Bâtiment à énergie passive ») qui officialise le statut d’une maison passive. On l’exprime parfois via son équivalent allemand : Passivhaus.
En tout, ce sont quatre critères qu’il convient de respecter :
- Le besoin structurel de chauffage ne doit pas excéder les 15 kWh par m2 et par an ;
- L’étanchéité à l’air doit correspondre à n50 ≤ 0,6 vol/h ;
- La consommation d’énergie primaire, y compris celle relative au parc électroménager, sera inférieure à 120 kWh/m² par an ;
- Les heures de surchauffe, sur un an, ne dépasseront pas le seuil de 10%. On parle de surchauffe au-delà des 25°C.
Les avantages et les inconvénients d’une maison passive
Vous connaissez maintenant le profil-type d’une maison passive, y compris en termes de cadre légal.
Alors, quels sont les avantages et les inconvénients associés à ce type de logis hors-du-commun ? Hors-du-commun en 2024, du moins. Car à l’instar de la maison intelligente, l’exception pourrait devenir la norme dans les années à venir…
Maison passive : les limites et défis à considérer
Commençons par quelques bémols. Même si la perspective d’une édification aussi peu « énergivore » est enthousiasmante, il y a quelques freins potentiels à considérer.
1. Des coûts de construction particulièrement élevés
Wolfgang Feist et Bo Adamson, les deux intellectuels à qui on attribue « l’invention » (ou en tout cas la formalisation) de ces habitations écoresponsables, n’ont pas intégré les moyens à leur réflexion. Ils ont défini l’obligation d’un résultat particulier. Selon les exigences que nous avons déjà citées.
Cela entraîne une difficulté en ce qui concerne les
ressources nécessaires à la fabrication et à la construction de la maison passive. Si on cherche à utiliser matériaux écologiques uniquement, de nombreux obstacles se profilent. Les matières biosourcées représentent un investissement significatif.
Il faut prévoir des
coûts de constructions 7 à 15% plus importants. Si l’on prend pour point de comparaison l’emploi des matières synthétiques, en tout cas.
2. Une construction réservée aux experts les plus méticuleux
Les maisons passives doivent être conçues et construites avec un extrême souci de précision. La moindre faille dans l'enveloppe du bâtiment compromet leur statut. Les systèmes d'isolation ou le degré d’étanchéité doivent faire l’objet de mesures très pointues avant que l’on puisse déclarer la fin des travaux.
Ainsi, le nombre de professionnels habilités à achever cet ouvrage exigeant est réduit par rapport aux habitations classiques. En cas de besoin étendu… un manque de main d’œuvre et d’ingénieurs risque de se ressentir.
3. Une flexibilité architecturale relative
Théoriquement, rien n’empêche un architecte d’imaginer une forme originale au moment de dessiner les plans d’une maison « sans chauffage ». Dans les faits, néanmoins, le faisceau de restrictions freine quelques élans de création. La préférence esthétique, ne serait que celles des propriétaires, ne compte pas parmi les priorités.
Quels sont les avantages de la maison passive ?
Si ce type de logement pique la curiosité de certains promoteurs, c’est parce qu’il présente aussi son lot d’arguments. Des arguments positifs, donc, notamment dans le domaine écologique et économique.
1. Des économies d’énergie… et un allègement des charges mensuelles
Lors de son occupation, la maison passive n’a besoin que de petites quantités d’énergie pour fonctionner. À l’heure où l’épuisement des ressources fossiles guette, cette différence n’a rien d’anodin. Les émissions de CO2 sont réduites par la même occasion.
Les économies ne s’arrêtent pas à la préservation des ressources et à la moindre proportion de gaz polluants libérés dans l’air. Votre facture sera à son tour plus légère. Cela contrebalance, au moins en partie, la cherté de la construction dont nous parlions précédemment.
2. Vers un essor des maisons positives
Cette alternative offre une excellente base pour promouvoir la maison positive (BEPOS). Elle laisse entrevoir un nombre toujours plus important de constructions individuelles sur ce modèle.
La maison passive satisfait un critère simple : elle crée davantage d’énergie qu’elle n’en consomme. Si ce ratio positif n’est pas strictement inhérent au principe de ce logement du XXIe siècle, elle permet de l’atteindre beaucoup plus facilement.
3. Une société faisant cap sur des objectifs éthiques et responsables
Finissons sur une note philosophique. Ce genre de projet, à une échelle individuelle ou très marginale, n’a pas d’impact réel sur l’évolution de la société et des mœurs. La donne change, en revanche, lorsqu’elle prend une place plus significative.
Il y a quinze ans encore, une majorité de la population européenne aurait vu cette construction (qui existait déjà) comme une curiosité. Sans vraiment s’y projeter. Mais la sensibilité écologique, depuis, a évolué. Une prise de conscience collective s’observe.
Ainsi, un accueil des maisons passives semble plus probable. Elle pourrait participer à l’édification d’une société plus verte. Sachant qu’elle « éduque » à sa manière, en montrant que la surconsommation n’est pas une obligation. Qu’on peut vivre sans exploiter.
Revenons-en maintenant à des observations plus techniques. Si l’idée de vivre dans une maison passive vous intéresse… vous devez assimiler les grands principes relatifs à sa construction. Il faudra d’ailleurs s’armer de patience.
Construire une maison passive : les nombreux critères à respecter
Atteindre une très haute performance énergétique nécessite un long travail de conception bioclimatique. Ce dernier s’étend parfois sur plusieurs mois. Les acteurs qui le mènent s’interrogent sur les contraintes/obligations suivantes.
1. L’isolation
L’isolation joue un rôle primordial, car elle minimise les déperditions de chaleur et limite les ponts thermiques (à savoir les espaces situés entre l’intérieur et l’extérieur, mêmes minimes, où une partie des calories peut s’échapper).
Une isolation thermique par l’extérieur présente de nombreux atouts. Statistiquement, elle montre une plus grande efficacité. De même, elle favorise l’inertie du matériau porteur à l’intérieur du logement afin de lisser les températures. Par là-même, d’augmenter le niveau de confort.
Pour limiter la surface des murs à isoler, les constructions compactes tirent leur épingle du jeu. Surtout si leurs formes architecturales sont simples.
En ce qui concerne les menuiseries, pour donner un dernier exemple, le recours au triple vitrage est recommandé.
2. L’étanchéité de l’air
L’étanchéité à l’air fait à son tour partie des enjeux. Il ne faut pas se montrer trop avare sur la qualité des matériaux utilisés. La jonction entre les différents éléments de l’édifice, tels que le bâti et les châssis de fenêtres, revêt une grande importance.
Pour s’approcher d’une étanchéité parfaite, on effectue un test d’infiltrométrie (aussi appelé « test blower-door »). Il donne à localiser les fuites et à supprimer les courants d’air parasites. C’est indispensable pour se conformer aux attentes de la maison passive… puisqu’elle doit fait preuve d’une étanchéité 4 à 5x fois supérieure aux standards des maisons classiques.
3. Qualité de l’air intérieur
Relevons que l’orientation sud de la majorité des ouvertures (ainsi que leur quasi-absence côté nord) optimise la récupération des rayons solaires par le logement. À l’inverse, les protections constructives, comme les auvents, les persiennes ou les pergolas bioclimatiques… régulent la luminosité et la chaleur en été.
Bon à savoir : une « responsabilité » partagée entre le chauffage et les appareils installés
Si les besoins de chauffage et de climatisation d’une maison passive sont faibles, une partie des objectifs est atteinte. Cependant, la consommation d’énergie par les dispositifs servant au quotidien doit faire l’objet d’une réflexion et d’une surveillance.
Les appareils électroménagers de classe A sont les plus indiqués. En complément, pourquoi ne pas récupérer la chaleur des eaux grises (lave-linge, douche, etc), et s’en servir pour préchauffer les eaux entrantes ? Pour finir, il existe des installations spécifiquement conçues selon les codes de l’habitat passif. Le réfrigérateur à absorption de gaz en est un exemple typique. Contrairement aux équivalents classiques, il n’a pas besoin d’électricité, mais de chaleur pour fonctionner.
La maison passive, bien plus qu’un type de construction différent : une autre manière de penser le logement
Le concept de la maison passive dépasse largement les questions de confort et d’esthétique. Derrière sa conception, sa construction puis son occupation, il y a une véritable dimension philosophique. Sociétale, aussi.
Si vous pensez à franchir le pas, vous participerez à l’essor de cet habitat plus responsable. Plus raisonnable. Nous ne pouvons que vous y encourager. Sachant que la planification et les travaux ne seront pas de tout repos. À l’heure actuelle, cela reste un projet de grande envergure.
La démarche n’est pas utopique ou irréaliste pour autant. Et c’est une précision essentielle. En réunissant la force humaine et les moyens techniques requis, on peut obtenir un résultat moderne et porteur. Le développement durable est à l’honneur.